Croissance toujours solide en 2025, l’investissement prend le relais du tourisme
En 2024, la croissance est restée nettement plus solide que dans le reste de la région (autour de 0,5% en moyenne dans la zone euro) grâce au dynamisme du tourisme et au rebond de la consommation. L’économie portugaise devrait continuer de surperformer en 2025, malgré le ralentissement attendu du tourisme après deux années de croissance exceptionnelle. En effet, ce dernier devrait être compensé par l’accélération de la demande domestique. D’une part, la consommation privée restera portée par la croissance toujours positive des salaires réels, grâce à la baisse de l’inflation et à un marché du travail toujours tendu, et la baisse du taux de l’impôt sur le revenu pour la majorité des ménages. Dans le même temps, l’investissement des entreprises devrait accélérer, du fait de l’amélioration progressive des conditions de financement - la Banque centrale européenne (BCE) ayant lancé son cycle d’assouplissement monétaire en juin 2024 – et de la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés de 21% à 19% en 2025 (de 17% à 15% pour les PME sur les premiers 50 000 euros de revenus imposables), à condition qu’elle soit approuvée et promulguée. Surtout, l’investissement public devrait progresser fortement, grâce à la montée en puissance des fonds européens. Le pays est l’un des principaux bénéficiaires du Plan de relance et de résilience (RRP), avec 13,9 milliards d’euros de subventions - auxquelles s’ajoutent 2,7 milliards d’euros de prêts - pour la période 2021-2026. D’après le chronogramme du gouvernement, plus du tiers des fonds devraient être décaissés sur la seule année 2025, contre 20% du total en 2024. Par ailleurs, si le tourisme (17% du PIB et 50% des exportations de service en 2019) ralentira vraisemblablement, les exportations devraient rester dynamiques grâce à une demande mondiale résiliente et la poursuite de gains de parts de marché, notamment dans l’automobile, les machines ou encore les services informatiques et de télécommunication. Toutefois, la contribution extérieure à la croissance sera moins importante qu’en 2024, du fait du rebond des importations, dans le sillage de l’investissement.
Légère détérioration des finances publiques
Malgré l’important soutien budgétaire lié au coût de la vie, les finances publiques se sont considérablement améliorées en 2022 et en 2023, à la faveur d’une forte croissance du PIB nominal et d’une surperformance des recettes. A l’inverse, malgré le retrait de ces mesures de soutien, l’excédent budgétaire s’est nettement réduit en 2024, essentiellement en raison de la baisse de l’impôt sur le revenu. En 2025, les finances publiques devraient se détériorer légèrement, en raison, d’une part, des nouvelles baisses d’impôts souhaitées par le gouvernement de centre-droit et, d’autre part, de l’augmentation de l’investissement public dans le cadre du RRP. Après avoir été quasi-exclusivement financé par des subventions entre 2021 et 2024 (impact alors neutre sur le solde budgétaire), il sera en partie financé par les prêts en 2025, avec cette fois un impact négatif sur les comptes publics. Il convient toutefois de souligner qu’en l’absence de majorité au Parlement, le gouvernement de centre-droit aura nécessairement besoin du soutien du Parti Socialiste (PS) ou du parti d’extrême-droite Chega pour faire approuver ses réformes et le budget 2025, chose loin d’être garantie. Si les comptes publics pourraient redevenir (légèrement) déficitaires en 2025, la dette publique restera sur une trajectoire nettement baissière.
Après être redevenue largement excédentaire en 2023, la balance courante s’est encore améliorée en 2024. En 2025, elle devrait rester largement excédentaire, malgré le rebond des importations qui creusera un peu plus déficit structurel de la balance des biens. Cependant, ce déficit restera plus que compensé par l’excédent de la balance des services, essentiellement alimenté par les revenus du tourisme. De même l’excédent de la balance des revenus se maintiendra (0,7%), les remises de la diaspora portugaise permettant de suppléer les dividendes rapatriés par les investisseurs étrangers. Enfin, le pays recevant de financements européens encore plus importants qu’en 2024, l’excédent du compte de capital progressera encore un peu plus.
Gouvernement minoritaire de centre-droit qui laisse augurer une instabilité politique
Les élections législatives anticipées de mars 2024, suite à la démission de l’ancien Premier ministre socialiste Antonio Costa, après avoir été cité dans une enquête pour trafic d'influence, ont débouché sur un Parlement fragmenté. Etant arrivé en tête, le PSD (centre-droite, 80 sièges sur 230) a obtenu la nomination de son leader Luis Montenegro au poste de Premier ministre, malgré l’absence de majorité. Ainsi, pour faire passer des réformes, le PSD aura nécessairement besoin du soutien du PS (78 sièges) ou du parti d’extrême droite Chega, passé de 12 à 50 députés en 2024, - avec qui le PSD a refusé de faire une coalition de gouvernement. Dans ce contexte, et bien que le PS se soit montré disposé à négocier, le vote du budget 2025 n’est pas garanti. En cas d’échec, une nouvelle dissolution de la part du Président de la République, à l’image du précédent de 2021, n’est pas à exclure. Quelle que soit l’issue de ces négociations, la fragmentation actuelle du Parlement laisse augurer d’une période d’incertitude et de possible instabilité politique.