Reprise de la croissance grâce à la reprise des TIC
La croissance économique de la Corée du Sud ralentit depuis le milieu de l'année 2021, les exportations et les investissements étant en difficulté dans un environnement extérieur difficile. L'économie sud-coréenne est fortement dépendante de la demande mondiale, les échanges de biens et de services représentant plus de 70 % de son PIB. La croissance s'est ralentie, passant de 2,6 % en 2022 à seulement 1 % au cours des trois premiers trimestres de 2023. Mais l'activité économique coréenne devrait se redresser en 2024, sous l'effet d'une reprise de l'électronique mondiale. Les exportations de marchandises ont baissé de 12% en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2023, les expéditions de TIC, d'appareils ménagers, d'ordinateurs et de produits pétrochimiques ayant fortement chuté. Les exportations de semi-conducteurs ont chuté de 35 %, la demande mondiale de puces mémoire s'étant considérablement affaiblie. La forte croissance des exportations d'automobiles, favorisée par l'amélioration des chaînes d'approvisionnement en pièces automobiles, n'a pas suffi à stimuler les performances à l'exportation. Toutefois, le dernier trimestre de 2023 a montré des signes plus marqués de redressement dans le secteur des exportations, les niveaux de stocks des producteurs de semi-conducteurs diminuant à mesure que les efforts d'ajustement des stocks précédents portent leurs fruits. Cela a contribué à un léger rebond de la production industrielle à partir de septembre, y compris pour l'électronique et les semi-conducteurs.
La consommation privée (48 % du PIB) a augmenté de 2,1 % au cours des neuf premiers mois de 2023. La poursuite de la croissance des dépenses des ménages pourrait être freinée par l'affaiblissement du pouvoir d'achat et l'augmentation des taux de service de la dette. La dette des ménages reste élevée, atteignant 100 % du PIB au troisième trimestre 2023, contre 71 % pour les économies avancées et 47 % pour les marchés émergents.
L'inflation globale a continué à ralentir tout au long de 2023, et la décélération de la croissance des prix à la consommation devrait se poursuivre en 2024. Mais les pressions accumulées sur les coûts, y compris une augmentation des prix mondiaux de l'énergie, freineront probablement la dynamique de désinflation. Cela pose un risque à la hausse pour les perspectives d'inflation, ce qui incitera la Banque de Corée à rester prudente quant à une réduction prématurée des taux d'intérêt. Après un total de 225 points de base de hausses de taux en 2022, la Banque de Corée n'a augmenté son taux d'intérêt directeur qu'une seule fois en janvier 2023 pour atteindre 3,5 %, le taux le plus élevé depuis la crise financière mondiale, avant de faire une pause dans sa politique. Le récent rebond de l'endettement des ménages a incité la Banque de Corée à la prudence. Par conséquent, les taux d'intérêt resteront restrictifs car la lutte contre l'inflation et la réduction du niveau d'endettement des ménages sont des priorités politiques, malgré les attentes croissantes d'un changement de politique de la part de la Réserve fédérale. Les conditions d'emploi ont été soutenues par la reprise du secteur des services, un quart des nouveaux emplois créés en 2023 provenant des services aux entreprises et aux particuliers, ainsi que du secteur agricole. Cela a contribué à maintenir le taux de chômage à un faible niveau.
Compte externe sous pression
Les comptes extérieurs de la Corée du Sud resteront sous pression en raison de la faiblesse des exportations. Le compte courant (CC) n'a enregistré qu'un excédent de 1,3 % du PIB au cours des trois premiers trimestres de 2023, en raison d'un plus faible excédent du commerce des biens. Le pays dispose toutefois d'importantes réserves de change, qui s'élevaient à 417 milliards de dollars à la fin du mois de novembre 2023, ce qui le place au neuvième rang mondial. Une légère amélioration attendue des résultats à l'exportation en 2024 devrait contribuer à relever l'excédent de la balance courante grâce à un excédent commercial plus important.
La situation budgétaire est restée relativement saine, mais l'administration Yoon souhaite renforcer la viabilité budgétaire et limiter les "dépenses excessives". Sur la base d'un solde budgétaire géré (qui exclut les recettes des fonds de sécurité sociale ou SSF), le gouvernement a affiché un déficit de 52 200 milliards KRW au cours de la période janvier-octobre 2023, ce qui représentait déjà 90 % de l'estimation du déficit gouvernemental de 58 200 milliards KRW (2,6 % du PIB) pour cette année-là. Cette situation s'explique principalement par la baisse des recettes fiscales due à la diminution de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur les sociétés. L'augmentation du budget 2024, qui a été approuvé par le parlement, sera la plus faible depuis 20 ans, les autorités ayant donné la priorité à la discipline budgétaire. Néanmoins, le gouvernement prévoit que le déficit du solde budgétaire géré se creusera, passant d'une estimation de 2,6 % en 2023 à 3,9 % du PIB, en raison de la baisse des recettes perçues et de l'augmentation des dépenses.
Blocage partisan
Le président Yoon Suk-yeol a été investi le 10 mai 2022, mais a dû faire face à un paysage politique divisé. Son parti - le parti conservateur People Power Party - ne dispose pas de la majorité à l'Assemblée nationale, avec 112 sièges sur 300 (38,5 %), tandis que le parti progressiste Democratic Party of Korea (DPK) en contrôle 55,6 %. En conséquence, le programme politique de M. Yoon, y compris les réformes proposées en matière de retraite, de travail et d'éducation, est resté bloqué en raison de l'impasse partisane. Sa position musclée à l'égard de la Corée du Nord et de la Chine, ainsi que son rapprochement avec le Japon, ont creusé le fossé politique. Les prochaines élections législatives auront lieu en avril 2024 et devraient être très serrées, les derniers sondages indiquant qu'aucun parti ne dispose d'une avance confortable.