Qatar

Le gaz et la diversification à l'origine de la reprise

En croissance lente depuis la Coupe du monde de la FIFA 2022, le PIB du Qatar devrait se redresser progressivement en 2025. La croissance sera tirée par une légère augmentation des activités liées aux hydrocarbures (représentant environ 40 % du PIB en 2023) et hors hydrocarbures. Des secteurs tels que la construction (environ 12 % du PIB), le tourisme (10 %), le commerce de détail et la finance devraient soutenir la croissance. L'expansion du North Field, le plus grand gisement de gaz naturel au monde, que le Qatar partage avec l'Iran, devrait soutenir la croissance du secteur des hydrocarbures. Après avoir stagné en 2024, la production totale d'hydrocarbures devrait augmenter de 1 % en 2025. L'expansion du champ de gaz naturel Qatar North Field East devrait ajouter 45 milliards de m3 par an à la production actuelle du Qatar, qui est d'environ 170 milliards de m3 par an dans les années à venir. La faiblesse de l'inflation et la baisse des taux d'intérêt soutiendront la consommation privée (environ 20 % du PIB) en 2025. En outre, les dépenses publiques consacrées aux grands projets d'infrastructure et l'encouragement du secteur privé dans le cadre de la diversification de l'économie contribueront à maintenir l'investissement (environ 40 % du PIB). Cependant, la croissance de l'investissement devrait rester modérée après avoir atteint une moyenne de près de 7 % entre 2010 et 2020. Outre les hydrocarbures, les autorités donneront la priorité aux transports, au tourisme, aux TIC, aux services financiers et à l'alimentation. Cela est conforme à la troisième stratégie de développement national (2024-2030), un plan visant à aider le Qatar à réaliser sa Vision nationale 2030. En 2025, comme les pressions inflationnistes devraient rester faibles, la banque centrale sera en mesure d'assouplir progressivement sa politique monétaire, à l'instar de la Fed américaine, compte tenu du régime actuel d'ancrage.

Excédents budgétaires et de la balance courante, réserves solides

Les recettes provenant des hydrocarbures, qui représentent 50 % des recettes fiscales totales, devraient être affectées par plusieurs facteurs, qui seront toutefois compensés par une augmentation des recettes non liées aux hydrocarbures. Parmi ces facteurs, on peut citer la baisse des prix mondiaux de l'énergie, l'atonie de la demande de GNL en Europe et le ralentissement de la croissance de l'économie chinoise, principal client du Qatar pour le GNL. Bien que le Qatar doive conserver sa position de principal exportateur mondial de GNL, il devrait être confronté à une concurrence accrue de la part des États-Unis, d'Oman et des Émirats arabes unis, en particulier au Japon et en Corée du Sud. Les dépenses totales devraient augmenter d'environ 4,5 % en 2025 par rapport à 2024, les salaires et traitements augmentant de 5,5 %, les dépenses courantes de 6,3 % et les dépenses d'investissement « secondaires » (c'est-à-dire pour soutenir les grands projets) de 8 %. Le gouvernement devrait financer le développement de grands projets d'infrastructure et s'efforcer d'attirer des travailleurs expatriés hautement qualifiés pour contribuer à la diversification de l'économie.

L'excédent de la balance courante devrait s'éroder légèrement, car la baisse des prix de l'énergie (90 % du total des exportations de marchandises) aura un impact plus important qu'un déficit moins important dans le secteur des services. Une augmentation annuelle de 5 % des recettes touristiques, en 2025, devrait empêcher une nouvelle baisse de l'excédent de la balance courante. En outre, la demande de biens d'équipement importés restera forte en raison des grands projets d'infrastructure en cours. Quoi qu'il en soit, les réserves extérieures du Qatar restent solides, la banque centrale détenant 70 milliards USD de réserves internationales (en novembre 2024), soit l'équivalent d'environ 12 mois d'importations. L'Autorité d'investissement du Qatar (QIA) détient séparément des actifs estimés à environ 180 % du PIB, avec des investissements couvrant divers secteurs, notamment le sport, le divertissement, les médias, les ports, l'immobilier, la vente au détail et les aéroports. Cette stratégie permet à l'émirat de gérer les excédents extérieurs tout en renforçant sa réputation internationale et en générant des revenus d'investissement supplémentaires.

La stabilité politique se maintient malgré les risques géopolitiques

La stabilité politique devrait prévaloir car la population locale est largement satisfaite de sa qualité et de son niveau de vie, en partie grâce aux dépenses sociales. Il n'y a pas de fractions politiques majeures, le gouvernement étant uni derrière l'émir, qui le nomme. En novembre 2024, un référendum constitutionnel a été organisé concernant le processus de sélection des membres du conseil de la Shura. Les résultats ont indiqué un changement par rapport au système d'élection introduit en 2021, avec 90,6 % des voix en faveur de la nomination de ses membres. Cela devrait renforcer le processus d'élaboration des politiques au Qatar, car le système électoral a causé des problèmes au sein des tribus.

Le Qatar a réussi à maintenir des relations diplomatiques équilibrées avec différents pays, dont les États-Unis, Israël, l'Iran, la Turquie, l'Égypte et l'Arabie saoudite. Toutefois, compte tenu de l'instabilité actuelle au Moyen-Orient, le Qatar risque de subir des retombées en termes de réfugiés, de troubles politiques, etc., en particulier de la part de l'Iran, de la Syrie et de l'Irak. Dans l'ensemble, cependant, la position du Qatar en tant que médiateur diplomatique mondial devrait se maintenir. La coopération économique avec la Chine pourrait s'intensifier au cours de la période à venir, notamment après que cette dernière a acquis une participation de 5 % dans le projet d'expansion du gaz naturel liquéfié dans le champ gazier de North Field. Cette coopération pourrait s'étendre à de nouveaux domaines tels que les TIC, la construction, le tourisme, etc. Mais, d'un autre côté, elle pourrait mettre le pays dans une position délicate vis-à-vis des États-Unis, qui ont leur plus grande base militaire régionale au Qatar, en particulier compte tenu des tensions croissantes entre les États-Unis et la Chine.

Dernière mise à jour : janvier 2025