Une croissance plus forte en 2025 grâce à l'activité non pétrolière
La croissance du secteur non pétrolier devrait soutenir l'expansion économique en 2025. En particulier, le commerce de gros et de détail, les transports, la construction et les services financiers resteront les principaux contributeurs à la croissance. Le report à avril 2025 de la suppression des réductions de la production de pétrole par l'OPEP+ continuera d'exercer une pression sur le secteur pétrolier. Toutefois, comme ces réductions devraient progressivement disparaître au cours du reste de l'année, la contribution du secteur pétrolier à la croissance devrait augmenter, de même que celle des investissements dans le secteur gazier. De plus, la faiblesse de l'inflation et l'assouplissement monétaire en ligne avec la Fed américaine soutiendront la consommation privée (environ 50% du PIB). En outre, les nouvelles pratiques (visa doré, visa de travail à distance, etc.) que les Émirats arabes unis ont commencé à mettre en œuvre pour augmenter le nombre de travailleurs migrants soutiendront également l'augmentation des dépenses. En outre, l'annonce par les Émirats arabes unis de leur budget le plus important jamais adopté pour 2025 suggère que la contribution des dépenses publiques (environ 12 % du PIB) à la croissance pourrait augmenter. Cette contribution sera principalement due à l'augmentation des investissements dans les infrastructures et à d'autres dépenses d'investissement. Enfin, l'environnement favorable aux entreprises et les réformes favorisant la croissance (telles que l'autorisation pour les étrangers de détenir des sociétés à part entière en vertu de la nouvelle loi commerciale, le déplacement des week-ends au samedi et au dimanche pour s'aligner sur les jours ouvrables des partenaires commerciaux, etc.) devraient encourager l'augmentation des investissements étrangers dans le pays (près de 6 % du PIB en 2023). Les autorités économiques devraient introduire des réformes similaires pour répondre à la concurrence croissante de l'Arabie saoudite pour devenir un centre alternatif de commerce et d'affaires dans la région.
Compte tenu de l'ancrage de la monnaie, la banque centrale des Émirats arabes unis est prête à maintenir la trajectoire de baisse des taux d'intérêt jusqu'en 2025, à l'image de l'approche adoptée par la Réserve fédérale américaine. Nous prévoyons que la demande intérieure robuste, associée à la croissance démographique, soutiendra les pressions inflationnistes du côté de la demande. L'augmentation des prix du logement pourrait également exercer une certaine pression sur l'inflation. Toutefois, le faible niveau des prix mondiaux de l'énergie devrait compenser les pressions inflationnistes par le biais des prix des transports. Compte tenu de ces risques, la Banque centrale pourrait adopter une position graduelle et prudente dans le processus de réduction des taux.
Des excédents jumeaux moins importants sont attendus en 2025
L'excédent budgétaire devrait se réduire en 2025, conformément à l'annonce du budget le plus important de l'histoire du pays. La faiblesse des recettes pétrolières permettra de faire face à l'augmentation des dépenses liées à l'énergie et aux grandes infrastructures destinées à atteindre les objectifs de diversification économique. Le gouvernement s'est fixé pour objectif d'investir entre 150 milliards d'AED (40,8 milliards d'USD) et 200 milliards d'AED (54,5 milliards d'USD) dans la capacité de production d'énergie renouvelable du pays d'ici à 2030, comme le prévoit la stratégie nationale de l'énergie. Toutefois, l'excédent budgétaire continuera d'alimenter le fonds souverain et permettra au pays de poursuivre ses investissements à l'étranger.
En 2025, la balance des opérations courantes devrait rester excédentaire, bien qu'à un niveau moins élevé que précédemment. Ceci est dû à une augmentation anticipée des importations résultant des investissements dans les infrastructures. Parallèlement, les envois de fonds des travailleurs étrangers (environ 7,5 % du PIB en 2023) renforceront cette tendance. D'autre part, les Émirats arabes unis sous-utilisent leur capacité actuelle de production de pétrole (les hydrocarbures représentent environ 20 % des exportations de biens), qui s'élève à 4,85 millions de barils par jour (b/j). Cette capacité est bien supérieure à la production réelle du pays, qui est de 2,96 millions de barils par jour. Le report de l'augmentation de la production de pétrole de l'OPEP+ au moins jusqu'en avril 2025, associé à la baisse des prix de l'énergie, aura un impact négatif sur les recettes d'exportation des Émirats arabes unis.
Stabilité politique dans une région instable
Les Émirats arabes unis devraient maintenir leur stabilité politique à la suite de la nomination du fils aîné du dirigeant de la Fédération et d'Abou Dhabi comme prince héritier d'Abou Dhabi et successeur potentiel à la présidence de la fédération en mai 2023. La stabilité actuelle devrait renforcer la position du pays en tant que plaque tournante mondiale et régionale pour la finance, les expéditions et le commerce. Toutefois, le niveau imparfait de transparence et de démocratie des Émirats continuera à poser des problèmes.
Les développements post-Assad en Syrie peuvent offrir à la fois des opportunités et des risques pour les Émirats arabes unis. D'une part, les entreprises de construction et d'énergie des EAU pourraient trouver des opportunités dans le processus de reconstruction. D'autre part, le changement de régime pourrait également entraîner des changements de pouvoir dans la région et une incertitude accrue, ce qui pourrait avoir un impact sur l'environnement commercial.
En 2025, la capacité des Émirats arabes unis à maintenir une approche équilibrée face à la nouvelle administration américaine, à l'influence croissante de la Chine au Moyen-Orient et à l'évolution des intérêts de la Russie sera cruciale.