Rebond de l’activité économique suite à la réouverture post Covid
En 2022, l’économie de Hong Kong s’est contractée, freinée par la cinquième vague locale de la Covid et les mesures restrictives très strictes qui y ont été associées dans le cadre de la politique « zéro - Covid ». Les dépenses publiques, en hausse de 8,1% en glissement annuel, ont été le principal moteur de croissance, alors que le durcissement des conditions financières a significativement impacté la demande intérieure et que la dégradation de l’environnement extérieur a entravé les exportations. La reprise sera modeste en 2023, aidée par la réouverture post - Covid progressive. Elle sera portée par la consommation privée (68% du PIB) qui repartira, sous les effets de l’évolution positive des perspectives économiques, du tarissement de l’émigration qui avait entrainé, encore début 2022, le départ d’une main d’œuvre qualifiée, aisée et fortement consommatrice, ainsi que de la poursuite attendue de l’amélioration du marché du travail. Alors que le taux de chômage corrigé des variations saisonnières a diminué progressivement pour atteindre 3,4% en janvier 2023, après un pic à 5,4% en avril 2022, les conditions sur le marché du travail devraient continuer à s’améliorer dans les mois à venir, avec le retour progressif des activités économiques à la normale, le rebond du tourisme récepteur et la reprise complète des voyages entre Hong Kong et la Chine continentale.
L’amélioration des perspectives commerciales encouragera également l’investissement privé, qui devrait redémarrer en 2023, avec l’acquisition de produits de propriété intellectuelle et d’équipements destinés aux services financiers et de transport, alors que Hong Kong représente l’un des centres financiers et commerciaux internationaux les plus importants au monde. Le niveau d’investissement pourrait toutefois être impacté par le resserrement des conditions financières et par la dégradation de l’environnement des affaires. En effet, les récents changements dans les pratiques de gouvernance ont réduit le pluralisme politique et semblent avoir ébranlé la confiance de la population et des investisseurs étrangers dans l’Etat. L’investissement public, contribuera, lui aussi, positivement à l’expansion économique, à mesure que le gouvernement poursuivra ses efforts de développement des infrastructures et de l’offre de logements. En effet, depuis que l’île traverse une grave crise de l’immobilier, à l’origine du mécontentement public selon le gouvernement central de Pékin, l’extension du parc de logements est au cœur de la politique gouvernementale. Les autorités locales ont ainsi accéléré le développement de nouveaux projets sur des terrains existants, à l’image de la stratégie de développement de la métropole Nord, ce qui devrait contribuer à soutenir l’investissement en immobilisations.
Enfin, les exportations nettes contribueront négativement à la croissance car l’affaiblissement de la dynamique de croissance dans les économies avancées pèsera sur les exportations de services et de biens. Pour ces derniers, il s’agit surtout de réexportation du fait de la faible base manufacturière, ainsi que des rôles de plaque tournante régionale et de sas avec la Chine continentale de Hong Kong. Les exportations seront, toutefois, en partie soutenues par la reprise rapide attendue de l’économie continentale et la levée des restrictions de circulation des camions à la frontière entre Hong Kong et le continent. En outre, le tourisme constituera un véritable moteur de croissance, alors que la suppression des mesures de quarantaine pour les visiteurs entrants encouragera l’arrivée de touristes sur l’île.
Des finances publiques et extérieures solides
La situation financière de Hong Kong s’est dégradée au cours de l’exercice 22 (avril 2022 à mars 2023), en raison principalement de la hausse des dépenses publiques liées à la pandémie. Toutefois, son déficit budgétaire devrait se réduire en 2023, à mesure que les initiatives de soutien financier aux ménages et aux entreprises – parmi lesquelles l’aide aux chômeurs, la garantie de prêt du gouvernement pour les entreprises, ou encore les transferts monétaires électroniques inconditionnels aux ménages – seront levées. Le gouvernement prévoit ainsi une réduction de ses dépenses totales de 6% à 761 milliards de dollars HK, en dépit des dépenses récurrentes engagées pour répondre aux préoccupations de qualité de vie de la population, en particulier sur les questions de l’accès au logement. Afin de soutenir la reprise économique, le gouvernement émettra de nouvelles obligations vertes, alors que l’augmentation des dépenses budgétaires et le déploiement des mesures d’aide ont entrainé une forte baisse de la réserve budgétaire de Hong Kong en trois ans. Celle-ci a en effet diminué d’environ 12 points de pourcentage au cours de cette période et pourrait chuter à 24% du PIB d’ici l’exercice 24. Cependant, la dette publique de Hong Kong, hors instruments du fonds de change utilisés pour gérer la caisse d’émission assurant l’ancrage avec le dollar américain, reste faible.
Malgré la baisse des prix des produits de base importés et la croissance des exportations de services, l’excédent de la balance courante devrait enregistrer une nouvelle légère réduction en 2023, liée à la diminution de l’excédent commercial. Le renforcement de la demande intérieure et la hausse consécutive des importations creusera, en effet, le déficit des échanges de biens. Cette évolution ne sera qu’en partie compensée par la croissance de l’excédent des services. Ce dernier bénéficiera du rebond du secteur du tourisme et du maintien des services financiers, alors qu’Hong Kong demeure un lieu attrayant pour la gestion de patrimoine et d’actifs, en lien avec la Chine continentale. En outre, tandis que les profits rapatriés par les entreprises nationales resteront importants, l’excédent des revenus primaires se maintiendra, faisant plus que compenser le modique déficit des revenus secondaires. L’excédent du compte courant permettra à Hong Kong d’accumuler des actifs financiers extérieurs, l’île étant déjà un grand créancier du monde, avec des avoirs extérieurs nets souverains d’environ 130% du PIB et une position extérieure globale d’environ 590% du PIB.
Resserrement du système politique et changements dans le système électoral
Depuis l’adoption de la loi sur la sécurité nationale et la démission en bloc des parlementaires de l’opposition en 2020, le climat politique de Hong Kong s’est profondément transformé. Les changements radicaux apportés au système électoral, en particulier la réduction de la proportion de législateurs élus au suffrage direct au sein du Conseil Législatif (LegCo), ont éradiqué le pluralisme politique, alors que les partis d’opposition prônaient autrefois une plus grande autonomie pour Hong Kong. En l’absence d’opposition au LegCo, la stabilité politique du gouvernement en place, dirigé par John Lee depuis mai 2022, devrait être maintenue jusqu’aux prochaines élections prévues en 2025. En effet, le resserrement du système politique, renforcé par la future législation sur la sécurité locale qui vise à décourager les objections à l’influence du gouvernement central sur la politique locale et à entraver le débat public sur des questions politiquement sensibles, rend peu probable la survenue de manifestations généralisées observées en 2019 et 2020.
Les réactions étrangères aux récentes évolutions du climat politique de Hong Kong ont été, pour la plupart, négatives, alors que les ministres des affaires étrangères du G7 ont exprimé leurs « sérieuses inquiétudes » suite aux changements électoraux de la région administrative spéciale. Depuis la loi sur la sécurité nationale, les Etats Unis considèrent désormais Hong Kong et la Chine continentale comme un même territoire douanier, imposant des sanctions à certains responsables locaux.