Malawi

Afrique

PIB / Habitant ($)
557,6 $
Population (en 2021)
22,7 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
C
Précédemment
D
Précédemment
C

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources naturelles exploitées (tabac, thé, soja, arachide, sucre) et potentielles (uranium, niobium, graphite, cacao, banane et huile de palme)
  • Secteur des services en pleine expansion
  • Société civile active
  • Relative stabilité institutionnelle

Points faibles

  • Économie dominée par l’agriculture de subsistance, peu productive, vulnérable aux aléas climatiques et au prix des intrants
  • Insécurité alimentaire, pauvreté extrême (70% de la population en 2023 vivait sous le seuil des 2,15 USD par jour)
  • Déficit infrastructurel (eau, énergie, transport, éducation, santé) et enclavement géographique
  • Corruption généralisée
  • Lourde dette publique nourrie par un déficit élevé
  • Extrême faiblesse des réserves de change entretenue par un déficit massif des échanges de biens (engrais, carburants, machines, médicaments) et services, malgré les remises des expatriés et l’aide internationale

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Europe
28%
Tanzanie (République unie de)
11%
Chine
6%
Afrique du Sud
5%
Zimbabwe
5%

Import des biens en % du total

Chine 17 %
17%
Afrique du Sud 16 %
16%
Émirats arabes unis 12 %
12%
Inde 7 %
7%
Tanzanie (République unie de) 7 %
7%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Reprise de la croissance soumise au risque climatique

La croissance devrait augmenter en 2025 mais sera volatile. Comme en 2024, le pays sera confronté à la pénurie de devises. Par ailleurs, si l’impact sur l’agriculture de la sécheresse provoquée par El Niño en 2024 devrait s’estomper, des inondations pourraient prendre la suite dans le sillage de la Niña. L’économie du Malawi dépend fortement de la production agricole pluviale, qui emploie près de 80% de sa population et représente un quart de son PIB et 60% de ses recettes d'exportation. L’agriculture, et donc toute l’économie sont vulnérables aux phénomènes météorologiques extrêmes, qui risquent de s’intensifier. De plus, la faible productivité et le manque de diversification agricole exacerbent les difficultés. Le gouvernement compte s’engager dans une transformation agricole, basée sur le développement de l'irrigation, comme indiqué au premier piller de l’agenda Malawi 2063. Dans ce but, le Fonds africain de développement a approuvé, en mai 2024, un appui budgétaire de plus de 22 millions de dollars, afin d’optimiser l’efficacité des dépenses du secteur agricole et de renforcer sa résilience climatique. Des performances agricoles légèrement meilleures en 2025 se répercuteront positivement sur les autres secteurs de l’économie. Toutefois, la pénurie de devises restreindra encore les importations de matières premières (y compris d’engrais) et de carburant et continuera de peser.

En revanche, l'approvisionnement en électricité devrait augmenter, aidé par la mise en service d’unités de stockage d'énergie par batterie de 20 MW dans la capitale Lilongwe, facilitant l’intégration de la production solaire et éolienne, ainsi que l'interconnexion avec le Mozambique, permettant l'accès au Pool énergétique d’Afrique australe (SAPP). Cela profitera à l'industrie manufacturière (10% du PIB en 2023) et aux services (48%). Une part importante de la population souffrira encore d’insécurité alimentaire et de la pauvreté, ce qui limitera la contribution de sa consommation. Grâce à de meilleures conditions météorologiques et à leur impact sur les prix alimentaires, au soutien de la politique monétaire et aux effets de base, l’inflation diminuera. Cependant, la monétisation du déficit budgétaire entretiendra les tensions inflationnistes.

Des déficits ancrés et un surendettement

Pour pallier les récents chocs climatiques, les conséquences inflationnistes de la guerre en Ukraine et la pandémie, le Malawi a adopté une politique budgétaire expansionniste, qui s’est accompagnée de déficits importants et a conduit au surendettement. Les besoins en protection sociale et la réduction de la pauvreté, en particulier à l’approche des élections générales de septembre 2025, entravent la capacité du gouvernement à trouver les fonds nécessaires aux investissements destinés à favoriser le développement économique. Les dépenses récurrentes ont absorbé presque la totalité des revenus dans le budget 2024-2025. Pour autant, pour l’année fiscale 2025-2026, le gouvernement continuera d’identifier l'agriculture, le tourisme et l'exploitation minière comme secteurs à fort potentiel de croissance et ils bénéficieront d'allocations significatives. En particulier, le secteur agricole bénéficiera d’une part importante du budget (8.3% en 24-25), avec des projets d’investissements centrés sur l’irrigation et la machinisme. Le gouvernement mettra aussi l’accent sur les transports et les TIC. Les progrès sur plusieurs projets routiers et ferroviaires, en particulier dans le cadre du Nacala Road Corridor Development Project, permettront de réduire de manière significative les coûts de transport. Le service de la dette (5% du PIB sur l’année fiscale 23-24), en majorité domestique (47% de la dette totale), pèsera également sur les dépenses. En termes de revenus, le gouvernement souhaite s'appuyer davantage sur des sources de revenus nationales, notamment des taxes. Le Malawi pourra aussi bénéficier des aides internationales, mais limitées. La Banque mondiale a repris son soutien budgétaire, interrompu depuis 2017, en mai 2023, avec une aide de 80 millions de dollars. Et en octobre 2024, l'UE a annoncé qu'elle reprendrait son soutien budgétaire direct au Malawi, avec 55 millions d'euros octroyés sur trois ans pour renforcer l'enseignement secondaire. Mais le décaissement de ces fonds dépendra des progrès dans la mise en œuvre des réformes qui avait été convenues avec le FMI. Un programme assorti d’une Facilité élargie de crédit (FEC) avait été adopté en 2023, mais sa deuxième revue n’a pas été réalisée par manque d’avancées. Il est vraisemblable qu’il faille attendre le lendemain des élections pour qu’il soit remis sur l’ouvrage. À court terme, le déficit budgétaire sera financé par des emprunts nationaux et par l’utilisation de la planche à billets. Cela alourdira l’endettement domestique qui croît de manière importante, alors même que sa restructuration n’est pas prévue.

L'augmentation escomptée de la production de tabac, soit plus de la moitié des recettes d’exportations, mais aussi des autres récoltes, combinée à la reprise attendue de l'extraction d'uranium dans la mine de Kayelekera, soutiendra la croissance de celles-ci. Celle-ci sera aussi appuyée par un accord avec la Chine sur les exportations d’arachides et de soja. De l’autre côté, les engrais et les produits pétroliers, soit un tiers des importations, pourraient voir leur prix diminuer. Les importations continueront aussi à décliner du fait de la pénurie de devises. Malgré ces améliorations, le pays conservera sa balance commerciale structurellement négative, qui entretient la pénurie de devises. En octobre 2024, les réserves de change ne couvraient que 2,1 mois d'importations. Toutefois, la restructuration de la dette et une nouvelle FEC pourraient soulager les comptes extérieurs.

Le pays est en défaut de paiement vis-à-vis de ses créanciers extérieurs bilatéraux, surtout Inde et Chine, et commerciaux, en particulier la Trade & Development Bank et la Banque africaine d'import-export. Selon le FMI, le pays nécessite un allégement de sa dette d’un montant de 986 millions de dollars avant 2027, soit environ 7% de son PIB actuel. Le Malawi a obtenu des engagements de restructuration de ses créanciers bilatéraux. Les négociations en cours avec les créditeurs commerciaux devraient bientôt aboutir à des allongements significatifs des échéances. Néanmoins, plus de 60% de la dette externe est multilatérale et exclue de la restructuration.

Les élections mettront à l’épreuve la solidité institutionnelle

En juillet 2024, l'Alliance Tonse, dirigée par le président Chakwera depuis son élection en 2020, a perdu sa majorité parlementaire après le départ du parti Mouvement uni de la transformation (UTM). Cela augmente le risque de manifestations avant les élections de septembre 2025. En effet, Mr Chakwera est peu apprécié, accusé d’une mauvaise gouvernance et d’une crise économique qui ne passe pas. De plus, le parti présidentiel subit des dissensions internes, depuis la mort dans un crash d’avion de Saulos Chilima, ancien leader du parti et premier ministre. Mais l’opposition, le Parti progressiste démocratique (DPP), qui détient 62 sièges au parlement et a gouverné le pays de 2014 à 2020, est également impopulaire, en raison de son mauvais bilan économique et de la corruption sous l'ancien président Peter Mutharika. La mise en place des réformes préconisées par le FMI pourrait être à l’origine de contestations.

Le Malawi continuera d’entretenir une relation importante avec la Chine, sous forme d’un partenariat stratégique. Le pays a récemment rejoint le dispositif de coopération des Nouvelles Routes de la Soie et, en septembre 2024, la Chine a supprimé les tarifs douaniers en place pour le Malawi. Ce dernier bénéficie également de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), un programme américain de préférences commerciales. Au niveau régional, le pays développe des projets régionaux avec ses voisins, le Mozambique et la Zambie. Par exemple, le Mozambique va louer au Malawi une partie de son port de Nacala, ce qui facilitera la connectivité régionale et l'accès à la mer du pays.

Dernière mise à jour : janvier 2025

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