Soudan

Afrique

PIB / Habitant ($)
795,7 $
Population (en 2021)
47,9 Millions

Evaluation

Risque Pays
E
Climat des affaires
E
Précédemment
E
Précédemment
E

suggestions

Résumé

Points forts

  • Ressources en or et en pétrole, ports sur la mer Rouge
  • Proximité géographique et économique avec les pays du Golfe
  • Agriculture et élevage pouvant bénéficier de gains de productivité, notamment grâce aux investisseurs du Golfe
  • Relations en cours de normalisation avec le Soudan du Sud, facilitant la poursuite des paiements des droits de transit liés aux oléoducs

Points faibles

  • Instabilité politique depuis le renversement du dictateur el-Bechir en 2019, le coup d’Etat militaire en 2021, le conflit armé interne depuis avril 2023
  • Désastre économique provoqué par le conflit interne, avec la destruction d’infrastructures, les mouvements de population dans et hors du pays, l’incapacité de l’Etat accrue par le siphonage des ressources par les deux factions armées
  • Violences intercommunautaires dans les régions méridionales, marquées par la présence de milices, notamment au Darfour, au Kordofan et dans le Nil bleu ; combats qui sont attisés par le conflit armé
  • Réduction du trafic en mer rouge dû aux attaques houthies
  • Extrême pauvreté (64% en 2025) chômage élevé (32% en 2022 et 58% en 2024), insécurité, dépendance à l’aide alimentaire, la moitié de la population en situation d’insécurité alimentaire aigüe et cinq régions touchées par la famine
  • Dette extérieure insoutenable, aggravée par la suspension de l’aide financière internationale et extrême faiblesse des réserves de change
  • Dépréciation de la monnaie et hyperinflation
  • Partition de facto du pays ouest-est

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Émirats arabes unis
30%
Macao, Special Administrative Region of China
24%
Arabie saoudite
15%
Égypte
10%
Inde
5%

Import des biens en % du total

Macao, Special Administrative Region of China 21 %
21%
Émirats arabes unis 13 %
13%
Inde 8 %
8%
Europe 7 %
7%
Égypte 6 %
6%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Le conflit armé intestin se prolonge

Le 15 avril 2023, un affrontement a débuté entre Abdel Fattah al-Burhan, chef des Forces armées soudanaises (SAF) et de la junte au pouvoir, et Mohamed Hamdan Dogolo, dit « Hemedti », le numéro deux du régime à la tête des paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (FSR). Ces deux généraux, anciennement alliés, avaient œuvré à la destitution d’Omar el-Béchir lors des contestations populaires de 2019, puis au coup d’Etat de 2021 qui avait évincé les civils du gouvernement chargé de la transition. Néanmoins, des tensions grandissantes, nourries par des désaccords sur l’intégration des FSR dans les SAF (Hemedti voulant conserver son indépendance et la maîtrise d’activités économiques), ont abouti à un conflit pour le contrôle de l’Etat. Les combats se déroulent principalement dans le sud-ouest du pays, notamment dans le Darfour (El Fasher) et le Kordofan, où sont commises des exactions à caractère ethnique. La capitale, Khartoum, et les proches régions fertiles du sud-est (Al Jazirah et Sinnar), sont également au cœur des violences. Au mois de janvier 2025, les FSR maîtrisent la majeure partie du sud et de l’ouest du Soudan tandis que les SAF se positionnent dans le reste du territoire. Les Forces armées ont fait de Port-Soudan, sur la mer Rouge, leur centre d’opérations, d’où elles contrôlent la majeure partie des flux d’aide et où la Banque centrale du Soudan s’est repliée. La population, que les deux factions cherchent à rameuter, subit de plein fouet les retombées du conflit : violences, vie chère, malnutrition et épidémies (choléra, rougeole, dengue) ont entraîné la mort de plus de 60 000 civils, dans un bilan à la mi-novembre 2024. Les infrastructures publiques, les récoltes et les habitations ont été endommagées par les combats, ainsi que par les inondations de l’été 2024, alors que l’aide internationale, insuffisante, peine à être acheminée. Ainsi, la moitié de la population est en situation d’insécurité alimentaire aigüe et cinq régions sont touchées par la famine, selon l’ONU. Douze millions de Soudanais ont déjà été déplacés, dont 3 millions ayant fui le pays pour rejoindre le Tchad, l’Egypte, le Soudan du Sud, l’Ethiopie ou la République Centrafricaine.

Les pays voisins, subissant les retombées du conflit (insécurité, flux migratoires, perturbation des routes commerciales), s’impliquent indirectement en fournissant des armes ou des supports logistiques à l’un ou même aux deux camps. L’Egypte, en premier plan, entretient avec le général Burhan, et ses SAF, d’étroits liens militaires (fourniture d’équipements) et diplomatiques (opposition commune à l’accord sur le partage des eaux du Nil et soutien à la position égyptienne sur le barrage éthiopien Renaissance). En juillet 2024, Burhan a renoué les relations avec l’Iran, mettant un terme à la rupture diplomatique datant de 2016 (attentat à l’ambassade saoudienne à Téhéran), et se rapproche également de la Russie. En effet, les deux pays convoitent la position stratégique soudanaise, au bord de la mer Rouge, et ses réserves minérales. Les Emirats Arabes Unis sont eux accusés de fournir des armes à Hemedti, afin de préserver leurs liens étroits ; entre 2016 et 2017, le général avait envoyé des mercenaires pour soutenir la coalition arabe au Yémen. De plus, l’or extrait des mines du Darfour par les FSR s’écoulent sur le marché de Dubaï. Toutefois, cela n’empêche pas les SAF de commercer aussi par l’intermédiaire des Emirats (or, bétail, etc.). Les paramilitaires des Forces rapides tentent également d’accroître leur influence auprès des voisins africains qui facilitent les fournitures d’armes, comme le Tchad et la Libye contrôlée par maréchal Haftar et, plus loin, l’Ouganda et le Kenya. En janvier 2025, les Etats-Unis, qui encadraient jusque-là les négociations aux côtés d’une Arabie Saoudite neutre, ont accusé les FSR de génocide et appliqué des sanctions sur le général Hemedti, sans pour autant soutenir les SAF. Le même mois, c’était au tour de la Turquie de se proposer comme intermédiaire dans les discussions de paix.

L’activité économique tributaire de l’évolution du conflit

Après deux années de forte contraction, la trajectoire économique sera tributaire de l’évolution du conflit en 2025. En cas d’apaisement, le Soudan pourrait compter sur la reconstruction, qui sera extrêmement coûteuse et laborieuse, surtout en cas de partition du pays. Pour le moment, l’activité repose sur l’agriculture et l’élevage, malgré les destructions dans les principales régions fertiles (Al Jazirah) liées aux combats et aux inondations de l’été 2024, ainsi que sur l’extraction aurifère.. L’industrie et les services (aux entreprises, commerce de gros et de détail), qui se concentraient dans l’Etat de Khartoum, épicentre des affrontements, sont ébranlés par l’insécurité extrême et auront du mal à se relever. Les combats ont détruit équipements et infrastructures (transports, bâtiments, canalisations), entravant la production et l’acheminement des marchandises à travers le pays. Les forces belligérantes se tournent donc vers des voies commerciales alternatives : les ports sur la mer Rouge pour les Forces armées et les routes traversant le Tchad et la Libye pour les FSR. L’extrême pauvreté s’amplifie et touchera 64% de la population en 2025, empêchant la reprise de la consommation privée dans un contexte hyper-inflationniste. L’effondrement de la monnaie, conséquence de la monétisation du déficit, de l’extrême faiblesse des réserves de change, ainsi que des perturbations des chaînes d’approvisionnement explique l’envolée des prix. A cela s’ajoutent les atteintes aux récoltes et l’incendie de la raffinerie Al-Jaili à Khartoum qui compliquent la production agricole et pétrolière, et surenchérissent les prix des denrées alimentaires et des carburants. Avec la quasi-disparition des institutions étatiques, la politique monétaire sera inefficiente, voire inexistante. L’investissement public sera presque nul tout comme les IDE.

L’appropriation des maigres revenus par les belligérants

En 2023 et 2024, l’effondrement des institutions étatiques et de l’activité économique a étiolé les recettes et dépenses publiques ; les capacités budgétaires resteront quasiment inexistantes en 2025. Les maigres recettes officielles iront surtout aux militaires. Chacun des belligérants tente de disposer de son territoire, de son administration et de son propre budget. Ainsi, les FSR contrôlent plutôt l’ouest et le sud, tentent de conquérir le centre, avec Khartoum, afin de mettre la main sur les institutions, et se paient sur le commerce de l’or. Les SAF, implantées au nord et à l’est, bénéficient des ports et encaisseront les droits de transit du pétrole Sud-Soudanais. En l’absence d’apaisement, les soutiens budgétaires bilatéraux (pays du Golfe, Chine) et multilatéraux (expiration d’une Facilité Elargie de Crédit en décembre 2022 non renouvelée par le FMI) resteront bloqués. Toute avancée sur l’allègement de la lourde dette publique restera paralysée, à l’instar de l’initiative PPTE, suspendue depuis le coup d’état de 2021, contribuant à l’accumulation d’arriérés et à l’insoutenabilité de la dette.

La faible production, notamment agricole (céréales, bétail, coton), empêchera une relance des exportations et une diminution du déficit commercial en 2025. Les deux camps continueront de se battre pour le contrôle du secteur aurifère qui fournit la moitié des recettes d’exportations déclarées, mais pas loin du double si on inclut l’or exporté sous le manteau par les deux camps. En cas d’apaisement, la croissance des importations induite par une reconstruction, une reprise de la demande domestique et l’insuffisance de la production locale, se ferait à un rythme plus élevé que celui des exportations. Les transferts de fonds de la diaspora et l’aide internationale sont limités par l’instabilité. Seule la balance des services pourrait connaître une amélioration grâce à la réception des paiements liés aux droits de transit Sud-Soudanais. Ceux-ci reprennent à la suite de l’achèvement, en octobre 2024, des réparations de l’oléoduc reliant les champs pétroliers de la DAR Petroleum Oil Company à la mer Rouge et facilitées par la reprise du contrôle de l’essentiel de son parcours par les SAF. La force majeure imposée sur les exportations de pétrole brut Sud-Soudanais a pu être levée.

Dernière mise à jour : janvier 2025

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